dimanche 25 avril 2021

Passepiedz de Bretaigne (Praetorius, 1612)

 

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Passepiedz de Bretaigne (M. Praetorius, 1612)

Il est très curieux et presque émouvant de trouver ces musiques de danses bretonnes de la fin de la Renaissance, presque cachées dans un recueil (Terpsichore) publié pour la petite cour de Wolfenbüttel, en Allemagne, par Praetorius, en 1612. On ne peut que remercier les informateurs français de Praetorius, qui, lui, les a arrangées à 5 voix …

Et on retrouve ces musiques, qui devaient être populaires, dans le manuscrit de Philidor "Recueil de vieux airs", en 1690 (juste accompagnées d'une ligne de basse).

Les passepieds sont également cités par Mme de Sévigné, toujours en 1690, lors d'un séjour au Château des Rochers-Sévigné, près de Vitré (Ile et Vilaine) : "Après souper, tout dansa : il y eut des sonnoux, on dansa tous les passe-pieds, tous les menuets, toutes les courantes de village, tous les jeux des gars du pays."

Ces mélodies sonnent tout à fait comme dans la tradition bretonne, et elles ne dénoteraient pas dans un Fest-Noz actuel, même si, à leur époque, ces danses étaient destinées avant tout à la haute société. Le passepied est resté dans la tradition bretonne, avec des musiques différentes de celles-ci (Pach pi, passepieds du Trégor ou de Haute Bretagne, etc …).

La veuze, cornemuse de l'Est et du Sud de la Bretagne, et de Vendée, s'impose dans ces morceaux ; avant les binious actuels, elle était vraisemblablement répandue dans toute la Bretagne, en descendante des cornemuses médiévales. D'ailleurs, les sonnoux de Mme de Sévigné en jouaient certainement ...

 Nicolas FENDT : Veuze, hautbois de Poitou, chalémies de berger alto et ténor, cromornes soprano et basse, flûte médiévale, percussions.

vendredi 9 avril 2021

Putta Nera Ballo Furlano (Mainerio, 1578)

 

 
 
Putta Nera Ballo Furlano (Giorgio Mainerio 1578, Il Primo Libro di Balli
 
La personnalité du compositeur de cette musique, Giorgio Mainerio, est très romanesque et un peu sulfureuse. Prêtre, d'origine écossaise (il signait ses œuvres du nom de son père : Mayner), il a été inquiété par l'Inquisition à cause de son intérêt pour l'occultisme (astrologie, magie et nécromancie).
 
Il a composé beaucoup d'œuvres religieuses, mais son recueil le plus connu est Il Primo Libro di Balli, l'un des rares livres de danses italiennes de son époque, dans lequel il livre des morceaux aux titres plus ou moins énigmatiques (comme le fameux Schiarazula Marazula, transcription d'une danse de la pluie des femmes de sa région) ou évocateurs, comme cette Putta Nera Ballo Furlano.
 
Ballo Furlano, c'est une danse du Frioul, partie de la Vénétie de l'époque, habitée par des populations d'origine slave. Plus tard, elle donnera la forlane, bien connue à l'époque baroque. Quant à la Putta Nera… Mainerio ne va pas jusqu'à nous indiquer son nom, ni comment il a pu la connaître… Est-ce que, comme Esmeralda, elle l'avait envoûté en dansant ce Ballo Furlano un peu bohémien ?... On peut l'imaginer… Quoi qu'il en soit, cette musique très dansante a eu un certain succès, puisqu'elle a été reprise dès 1583 par l'éditeur anversois Pierre Phalèse, dans la seconde édition de son recueil de danseries.
 
Nicolas FENDT : vielle à roue, cromornes soprano, alto, ténor et basse, flûte à bec sopranino, luth-guitare, percussions.