lundi 17 février 2020

Le Branle de Metz


Le Branle de Metz est avant tout une musique de cour, nommé ainsi en hommage à la ville de Metz que Louis XIII a plusieurs fois visitée lors de son règne.

Le Branle de Metz n'est nullement une danse traditionnelle de cette ville et ne figure dans aucun corpus de la Renaissance (type Orchésographie ou autre).
Cette musique apparaît dans les années 1630, il est très probable qu'elle ait été composée par un des luthistes (et professeur de luth) de Louis XIII, René Mézangeau, qui la fait publier en 1638 par Ballard.
Au début des années 1630, l'illustre poète Vincent Voiture compose déjà une chanson à succès sur cette musique ("Apprenez notre voyage"), et la musique est utilisée dans un ballet royal de 1635, dansé par Louis XIII, "le Ballet des Triomphes".

Témoignage de Pierre de La Porte, 1er Valet de Louis XIII (Mémoires) : "Je reviendrai donc à Metz, où la cour passa tout l'hiver de 1633 (…). Ce fut pendant ce séjour que le branle de Metz revint à la mode (…)."

On connaît par la suite le succès phénoménal de cette musique en tant qu'air d'innombrables chansons (d'ailleurs uniquement des chansons parisiennes sur feuillets, ou de vaudeville, comme l'indique Tiersot).
On sait aussi que ce branle a été dansé à la cour de Louis XIV, il est cité par le Marquis de Dangeau dans son journal, à propos d'un bal de la cour à Chambord en 1684 (à qui il semble évident que danser le Branle de Metz signifie finir le bal), et il a été publié plusieurs fois par Philidor au 17ème siècle. Mais hélas, on n'en connaît pas la chorégraphie, qui devait très certainement rendre hommage aux "vieilles" danses du siècle précédant le "Grand Siècle".

Témoignage du Marquis de Dangeau (Journal, 1684) : "Madame la Dauphine, à un bal, refusa le milord Harram qui la vint prendre et dit qu'elle vouloit danser le branle de Metz, si bien que le bal finit; le roi approuva ce qu'elle avoit fait parce que milord Harram n'étoit que fils de duc et non pas duc lui-même."

Reste une musique étrange, originale, qui conserve une partie de son mystère … Mais soyons sûr que le branle de Metz n'a jamais été dansé par les messins lors de leurs fêtes populaires.
Le Branle de Metz est ici joué à la flûte à bec, accompagné par la guitare et quelques percussions. Il en conserve son côté "baroque naissant".

Un grand merci à Naïk Raviart, chercheuse et historienne de la danse, pour son avis précieux et éclairé.