mercredi 15 novembre 2023

Branles de Bourgogne (C. Gervaise, 1556 & J. Moderne, vers 1550)

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Voici 3 branles de Bourgogne, danses en chaîne dynamiques de la Renaissance.

Les 1er et 3ème sont de Claude Gervaise, trouvés dans son livre III de danceries publié en 1556. Claude Gervaise orthographie la danse : "bransle de Bourgongne".

Le 2ème est de Jacques Moderne (composé ou collecté, on ne sait jamais trop, à la Renaissance), issu de son ouvrage "Musique de Joye", publié vers 1550. Lui l'orthographie "branle de Bourgoigne".

Le 3ème branle donne l'occasion d'entendre (à la fin) la plus petite flûte à bec (plus petit serait impossible pour les doigts), et donc la plus aigüe. Praetorius dans son Syntagma Musicum (1619), la décrit et l'appelle "exilent" (le plus haut) en latin et "klein Flöttlein" (petite petite flûte) en allemand. De nos jours, elle est parfois appelée aussi "Garklein" ou "sopraninino".

Nicolas FENDT : Cornemuse Renaissance (Hümmelchen), hautbois de berger (soprano, alto, ténor), dolzaine basse, flûtes à bec (exilent, soprano, alto, ténor, basse), guiterne, luth-guitare, percussions et arrangements.

dimanche 10 septembre 2023

Lamento di Tristano & Rotta (14ème Siècle)

 

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Comme la Chançoneta Tedescha déjà mise en ligne, cette suite de 2 morceaux provient d'un manuscrit de chansons italien du XIVème Siècle, conservé à la British Library (Le Manuscrit de Londres), dans lequel se glissent de précieuses pièces instrumentales.

Le Lamento di Tristano est une magnifique mélodie que l'on imagine presque improvisée sous les doigts d'un joueur de luth ou de harpe à la cour d'un château fort … Cette mélopée traduisant certainement la mélancolie de Tristan est un très rare exemple de la trace des légendes arthuriennes (ou apparentées) dans la musique médiévale.

Le Lamento est suivi d'une Rotta, danse rapide sur le même thème musical, sorte de charivari endiablé où Tristan oublierait ses idées noires …

Nicolas FENDT : luth médiéval (lavta), épinette des Vosges, harpe médiévale, flûtes à bec, Rauschpfeife, chalemies de berger, percussions et arrangements.

samedi 1 juillet 2023

Allemandes (Claude Gervaise, 1557)

 

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Trois danses issues du 3ème livre de danceries publiées en 1557 par Attaingnant, célèbre imprimeur et libraire parisien.

Ces allemandes ont été composées (ou souvent plutôt, arrangées) par Claude Gervaise, qui a signé plusieurs livres de danses écrites à 4 voix. Comme souvent à la Renaissance où la notion de droits d'auteur est assez souple, la seconde allemande existait déjà dans une version pour luth d'Adrian Le Roy (1551), dont j'ai ici utilisé les diminutions (variations).

Nicolas FENDT : flûtes à bec, tournebouts (cromornes), guiterne, luth-guitare, percussions, arrangements.

vendredi 12 mai 2023

Cantiga 119 : Como somos (vers 1280)

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Voici certainement la plus connue des nombreuses Cantigas de Santa Maria (plus de 400), publiées à la fin du XIIIème siècle sous le patronage du Roi Alphonse X "Le Sage".

Son titre complet est " Como somos per conssello do démo perdudos" (parabole sur un mauvais juge, emporté par les démons et dont l'âme est sauvée par la Vierge), et sa musique est très joyeuse, elle invite à la danse (macabre ?).

Nicolas Fendt : cornemuse, flûtes à bec, Rauschpfeifen, chalemie de berger, dolzaine basse, mandole, épinette des Vosges, luth-guitare, percussions et arrangements.

mercredi 5 avril 2023

Give me your hand (Attr. Rory Dall O'Caghan, 1603)

 

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Ce "tube" de la musique irlandaise est une énigme …

Il est apparu dès 1644 dans des livres de tablatures de luth, sous son titre latin : "Da Mihi Manum", sans aucune indication de son compositeur.

On le trouve ensuite dans une multitude de partitions, tout au long du 18ème siècle, toujours sous son nom latin.

En 1810, il est publié dans "A Collection of Ancient Irish Airs", par John Mulholland, sous son titre anglais, et sous son titre en Gaëlique : "Tabhair dom do Lámh".

En 1840, il est publié, dans un arrangement pour piano, par Edward Bunting, dans "The Ancient Music of Ireland", sous son titre anglais (et gaëlique dans la table des matières). Sans que l'on ne connaisse aucune de ses sources (si ce n'est le bouche à oreilles), Bunting attribue cet air à Rory Dall O'Caghan, et le date de 1603.

On sait peu de chose sur Rory Dall O'Caghan, si ce n'est qu'aucune musique de lui n'a été publiée de son vivant. On se demande même s'il a vraiment existé… Harpiste irlandais aveugle ayant beaucoup joué en Ecosse, il aurait composé cette mélodie pour une Lady qui s'était excusée de ne pas l'avoir traité selon son rang…

Il nous reste en tout cas cet air magnifique très ancien, entre musique savante et musique traditionnelle.

Nicolas FENDT : flûtes à bec, low whistle, mandole, guiterne, luth-guitare, guitare-cistre et arrangements.

samedi 1 avril 2023

Rondes I et VI (Susato, 1551)

 

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Dans son recueil "Danserye" édité en 1551, Susato rassemble de nombreuses danses, dont neuf d'entre elles sont nommées "Rondes". Elles sont inspirées de chansons à la mode de son époque, et voici ici les Rondes I et VI. Si l'on ignore l'origine de la VI, on sait que la I, intitulée "Pour Quoy", vient de la chanson "Pour quoy donc ne fringuerons-nous", de Pierre Passereau, publiée par Attaingnant en 1533.

Ces "Rondes" étaient certainement dansées en branles ; elles sont d'ailleurs classées dans les branles par Phalèse, qui compile les meilleures danses éditées à son époque, dès 1571. Comme souvent chez Susato, elles ont un caractère à la fois élégant et rustique très agréable.

Nicolas FENDT : vielle à roue, tournebouts (cromornes), flûtes à bec, guiterne, luth-guitare, percussions ; arrangements.

mercredi 1 mars 2023

 

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Dans son "Terpsichore" (monumentale source de magnifiques musiques), Praetorius présente la Spagnoletta comme "faite aux Pays-Bas, et rarement dansée en France".

La Spagnoletta est un véritable "tube" européen à l'époque de Praetorius ; cette musique a voyagé d'Espagne en Italie, et jusqu'en Angleterre. Elle était en effet très populaire aux Pays-Bas (Espagnols à cette époque) où elle est restée sous forme de contredanse. Et comme tous les succès de cette époque, elle se prête volontiers aux variations, aux diminutions, aux improvisations (c'est même certainement pour cette raison que ces musiques ont tant voyagé).

En 1580, Caroso décrit dans son traité "Il Ballarino" la chorégraphie de cette danse de couple, tout en révérences, les partenaires se faisant face gracieusement, et surtout, "senza pigliar mano" (sans se prendre la main). Noblesse oblige…

Nicolas FENDT : guiterne, flûtes à bec, tambour de basque ; arrangements.

mercredi 1 février 2023

Bergerette Sans Roch (Tielman Susato, 1551)

 

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Voici une musique au titre étrange … La bergerette n'est pas une danse répertoriée, mais c'est certainement l'interprétation que fait Susato d'une autre danse, la basse danse. On ne sait pas ce que signifie "Sans roch" (Saint Roch ?), mais on sait qu'un français, Pierre Attaingnant, a publié en 1529 plusieurs versions pour luth ou pour clavier d'une basse danse intitulée également "Sans roch", ou "La Roque", qui lui ressemble beaucoup.

En l'intitulant "Bergerette", peut-être Susato autorise-t-il à la jouer de manière plus légère, plus rapide… 

Susato, outre son travail d'éditeur et d'imprimeur, était joueur de cromorne. Il en vendait certainement aussi, et d'ailleurs, à Anvers, sa maison s'appelait "In den Cromhorn" (A l'enseigne du Cromorne). Il est donc naturel d'utiliser ces instruments dans cette musique, et de l'illustrer par la gravure des "3 joueurs de cromorne", d'Heinrich Aldegrever, contemporaine de la Bergerette (1551).

Nicolas FENDT : flûtes à bec, cromornes, guiterne, luth-guitare, percussions ; arrangements.

jeudi 5 janvier 2023

Dehors Lonc Pré (Jehan Erars, vers 1259)

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Cette vigoureuse musique de trouvère, très représentative de l'idée que l'on se fait de la musique médiévale, est une pastourelle, chanson en dialogue imaginaire entre un chevalier et une bergère.

C'est un genre de chanson très répandu chez les troubadours et les trouvères. Dehors Lonc pré est attribué à Jehan Erars, un trouvère d'Arras. Elle est aussi parfois attribuée à Gillebert de Berneville, un autre trouvère artésien. C'est la version instrumentale qui est jouée ici.

Nicolas FENDT : harpe médiévale, flûtes à bec, chalemies de berger, dolzaine, luth-guitare, bouzouki, crotales ; arrangements.